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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/194

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

D’abord Dumas paraît forcer toutes les portes à la fois : Henri III, Christine, Napoléon Bonaparte, Antony, Charles VII, quel homme ! Ou plutôt quelle confusion ! Il ne lui déplaît point de passer pour un prodige et d’étonner la critique. Il y a du banquiste en ce dramatiste.

Cette diversité, dont on vous parle tant,
Mon voisin léopard l’a sur soi seulement,
Moi je l’ai dans l’esprit[1]

D’un esprit peu cultivé, chez qui l’imagination domine, on ne saurait attendre une évolution systématique. Il procède par bonds et coups d’audace. Il est fait pour le drame : il écrit Henri III. Tout de même la vieille, la respectable tragédie lui en impose, à ce bouillant révolutionnaire. Il donne Christine ; il arbore le sacré panache du vers. Henri III et Christine, Antony et Charles VII, et au milieu Napoléon Bonaparte, drame-feuilleton, panopticum pour l’exploitation, où l’industriel apparaît d’abord dans toute l’insolence de l’improvisation et dans le gâchis de son talent. Il affronte tous les genres à la fois, même le pire, celui où il laissera santé, réputation et le reste. Qu’est-ce à dire ?

Il est dramatiste. Là paraît l’unité de son existence vagabonde, l’explication des dix premières années de sa carrière théâtrale, et aussi le meilleur des autres. Là est le secret de cette fécondité des débuts, et la réhabilitation de Dumas longtemps après ces débuts. S’il appartient à la critique de démontrer que cette impétueuse variété qui suivit Henri III ne fut ni prodigue, ni aveugle, ni inexplicable, c’est un devoir de

  1. La Fontaine, Fables, liv. IX, f. iii. Cf. Avertissement de Catherine Howard : Sortie contre la critique et apologie de la fécondité de l’auteur, pp. 205-207.