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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/238

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

Schiller ne se font d’illusions là-dessus. Victor Hugo était le seul qui s’en fît, écrivant Angelo ou le Roi s’amuse. Dumas avait pu lire, pour s’assurer contre de vains scrupules, dans l’Appendice de la Conjuration de Fiesque, au moment qu’il traduisait la pièce : « … On s’attend peut-être à ce que je justifie les libertés que je me suis permises, dans ce Fiesque transformé, contre la vérité historique, et même contre ma première façon de la représenter… Pour ce qui est de l’histoire, j’espère avoir bientôt réglé mon compte avec elleLe Fiesque Génois n’a dû prêter à mon Fiesque que son nom et son masque ; tout le reste, il le pouvait garder[1]. » N’eût-il pas eu cette caution, il lui suffisait d’étudier la Pucelle d’Orléans, drame historique où le drame se moque de l’histoire, ou même de songer que l’anachronisme est un peu fort des utopies modernes que développe en présence de Philippe II le marquis de Posa, pour risquer sur de graves autorités le mot fameux, propre à réjouir le sagace Mérimée : « Henri VIII n’est que le clou auquel j’ai accroché mon tableau[2] ».

Il avait un autre garant plus populaire en France, et qu’il tenait pour le véritable successeur de Shakespeare, en 1830.

Walter Scott apportait à la curiosité du peuple Shakespeare dilué, délayé, traduit en décors, en images, en couleurs. Jamais homme ne vint plus à point. Jacques Bonhomme était tout prêt à s’intéresser à l’histoire, qu’il venait de renouveler pour son compte, mais à

  1. Théâtre de Schiller, t. I. Avertissement de l’auteur de Fiesque au public, p. 358.
  2. Avertissement qui précède Catherine Howard, t. IV, p. 207. Cf. Mes mémoires, t. VIII, ch. ccv, p. 172. « Au reste, je suis de l’avis de l’auteur (Alfred de Vigny) ; je ne crois pas qu’il soit bien nécessaire qu’une œuvre d’art ait toujours pour autorité un parchemin par crime et un in-folio par passion. »