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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/257

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DRAMES HISTORIQUES.

un Cicéron contemporain qui s’en déguisent. L’histoire romaine de Michelet est récente, où le parti de Catilina passe pour « calomnié[1]  ». Mérimée, dans ses Études sur l’histoire romaine (1841), n’avait pas été inflexible pour Catilina ; et il y retraçait le rôle de Cicéron avec impartialité. Le phalanstérien Fourier est mort depuis 1837 ; mais les utopies sociales lui ont survécu. C’est la seconde forme de l’art humanitaire et de l’imagination romantique. George Sand vient d’écrire des romans mystiques, symbolistes, socialistes, Consuelo (1842); le Meunier d’Angibaut (1845), le Péché de M. Antoine (1847), d’où ni les phrases ni les formules spécieuses ne sont absentes. Catilina a suivi le mouvement. Quand il discute contre Cicéron, c’est une thèse socialiste qu’il soutient.

Le séducteur de la vestale, l’homme aux masques et au narcotique est un discoureur idéaliste[2]. Il s’emporte contre le mot de Guizot : « Enrichissez-vous[3] ». Il fait du vice un droit et de la luxure un luxe égalitaire. Car il est épris d’égalité, de justice. Il se révolte contre les caprices du sort et l’inégalité des conditions humaines devant la mort et les médecins. Il ne parle ni des ateliers nationaux ni des pharmacies populaires ; mais il en a une forte envie, qui se contient malaisément. « La société est mal faite ainsi ; les dieux ont créé l’air du ciel et les biens de la terre pour tous ; il est temps que tous aient part aux biens de la terre et à l’air du ciel[4]… » On connaît l’antienne. Ces folles

  1. Histoire romaine, république, t. II, ch. v, p. 382 (Hachette, 1843).
  2. Catilina, III, tabl. iv, sc. vii, pp. 102-109.
  3. Ibid., p, 105 « … Vous dites à vos partisans : « Travaillez, ménagez, endurez ». Je dis à mes prosélytes : « Prenez, prodiguez, jouissez », etc.
  4. Ibid., p. 107.