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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/258

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

chimères, Cicéron les répudie et montre à quel point cette « borne qui conservera tout[1] » est sacrifiée en l’esprit populaire de Dumas. M. Tullius déclare que tout est pour le mieux, que les hommes sont frères, que Rome est immuable et « sous la main des dieux » ; il expose sa foi, il écoule ses Tusculanes : « … Deux grands principes luttent l’un contre l’autre depuis le commencement du monde[2] ». Il parle bien, et longuement. Ah ! qu’il avait raison de répondre, tout à l’heure, à Caton qui lui demandait : « De combien de voix disposez-vous ? — De la mienne[3] ». Pois-chiche prêche le principe de l’ordre, exalte le parti de l’honnêteté, tout cela dans la maison maudite, chez la Vestale, où il est venu surprendre Catilina, où, pour conformer ses actes à ses maximes, il va l’assassiner, — n’était un souterrain dissimulé par une trappe, derrière laquelle se tient l’enfant de l’amour, aux écoutes, avec une lampe à la main.

Les documents et les livres asservis à l’imagination de l’heure présente, des personnages avec des noms et des physionomies antiques et les appétits et les rêves d’une époque où Antony aboutit au socialisme de George Sand ; et, pour animer le tout, cette « force vivace » de la passion, qui « bien plus que les combinaisons du génie, fait mouvoir les ressorts des empires, et ébranle ou raffermit le monde[4] » — entre 1830 et 1848 — non, non, ce n’est pas l’histoire : c’en est le roman.

  1. Catilina, IV, tabl. v, sc. xiv, p. 135.
  2. Catilina, III, tabl. iv, sc. vii, pp. 108-109.
  3. Catilina, I, tabl. ii, sc. iv, p. 37.
  4. Les Mohicans de Paris, t. I, ch. xl, p. 282.