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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/276

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

dans les détours sans fin de la légende de Buridan[1]. Dumas, reprenant en main le sujet, fait, lui aussi, la scène de la Tour, mais il se garde de s’y engager de but en blanc ; et, après qu’il l’a faite, il la refait comme Molière celle de Tartuffe et d’Elmire, comme Racine celle de Titus et Bérénice, en grand dramaturge qu’il est. Buridan n’est plus un écolier : il s’agit bien d’autres licences. Au chef-d’œuvre populaire il infuse le charme qui plaît au peuple. Aux têtes combustibles il prépare un autre aliment ; plus circonspect et mesuré que Roger de Beauvoir, et plus malin que Gaillardet. Il a même la profitable crainte des sifflets, qui lui donne presque du goût. N’est-il pas établi, avéré, et d’une certitude incontestable, que Gaultier d’Aulnay, le jeune premier, le cavalier amoureux, dont la reine, après les nuits de débauche à la Tour, soupire le nom en des rêves suaves et purs, s’appelait Anatole[2] ?



II

LE DRAME DE « LA TOUR DE NESLE »

« … Oui, je suis passé à deux heures du matin au pied du Louvre, et la Tour de Nesle était brillante ; les flambeaux couraient sur les vitraux ; c’était une nuit de fête à la Tour. Je n’aime pas cette grande masse de pierre, qui semble, la nuit, un mauvais génie veillant sur la ville[3]… » Les hommes de peu d’imagination feront sagement de n’aller pas plus loin. Ce chef--

  1. Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxiv, p. 170. « Je commençai le second (acte) ; mais je proteste que je n’allai pas plus loin que la huitième ou dixième page. Le drame déviait complètement de la route qu’à mon avis il devait suivre. »
  2. Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxvi, p. 205.
  3. La Tour de Nesle, II, tabl. iii, sc. ii, p. 29.