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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/333

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ANTONY.

croit pas ! « — « Si j’étais près de toi, oh ! je croirais à tout, car je croirais en toi…[1] etc. »

Alfred de Vigny, qui ne tenait pas l’athéisme pour un motif de romance, conseilla de supprimer le morceau pendant les répétitions du drame[2]. Dumas, qui ne laissait rien perdre, conserva le mouvement et y jeta autre chose.

Antony lançait encore quelques mots : abandon… solitude… mort… poignard… échafaud. Puis, la vicomtesse entrait au bras d’Olivier, et rendait à l’énergumène le service de couper court à ses imprécations. Non qu’il restât boudeur et taciturne comme Alceste ; il en était incapable. « Et maintenant, disait Adèle, du calme, de l’indifférence. » — « Soyez tranquille… Ne sais-je pas renfermer la douleur dans mon âme comme un cadavre dans un tombeau ? Ne sais-je pas sourire, le cœur tout saignant[3]… ? etc., etc. » Au reste, la scène de la causerie mondaine était manquée. Dumas avait passé à côté de celle du Hasard[4] et de celle des Enfants trouvés[5], qui sont caractéristiques. La vicomtesse papotait ; le docteur pérorait. On plaisantait les médecins, on s’accrochait au moyen âge, on revenait à la phrénologie de Gall, pour conclure qu’Antony avait la bosse du crime. Ce n’était qu’un intermède entre les deux scènes de déclamation amoureuse. On n’y sentait ni que la vicom-

  1. Manuscrit original, II. pp. 14 et 15. Cf. Antony, II, sc. v, pp. 186-187. Voir plus haut (p. 301, n. 2), où il est dit que ce madrigal se trouve textuellement à la fin d’un couplet, par lequel il se défend d’être athée dans une Lettre à Melanie.
  2. Mes mémoires, t. VIII, ch. cxcviii, p. 104. « La répétition s’acheva. Alfred de Vigny était présent, et me donna quelques bons conseils. J’avais lait d’Antony un athée ; il me fit effacer cette nuance du rôle. »
  3. Manuscrit original, II, bas de la p. 15.
  4. Antony. II, sc. iii. pp. 177 sqq.
  5. Antony. II, sc. iv, pp. 180 sqq.