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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/339

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ANTONY.

bourg pour un mari soupçonneux et un officier plus que sévère[1]. Enfin Adèle faisait sa prière du soir[2], au moment où Antony coupait la vitre avec un diamant.

Hormis ces détails, l’acte III, où Dumas avait d’abord vu l’essentiel de la pièce, prit d’emblée sa forme définitive.

Acte IV. — Le suivant a été fort remanié. On assiste à un travail de retouches, de scène en scène, et couplet par couplet. Ici encore, le drame était sur pied ; les scènes à leur place, les mots de théâtre au bon endroit. Il est manifeste que l’auteur s’est aperçu plus tard que là était la crise morale, et en même temps la portée sociale, le réalisme fécond de l’œuvre. Aussi le texte de la brochure est-il autrement dramatique et d’un intérêt plus gradué que celui du manuscrit. À présent, c’est l’acte du monde. C’est la revanche de la société. Il y règne comme une progression logique de scandale. La lutte se resserre et se précise, sans décor, entre deux paravents. L’énergie passionnelle est aux prises avec

  1. Manuscrit original, III, p. 27. Il insistait sur le caractère inflexible du colonel. Il lui suffira de l’indiquer (Antony, III, sc. vi, p. 200) : « Il me semble entendre sa voix, sa figure sévère » pour nous faire comprendre tout le danger qui pèse sur l’acte V.
  2. Ayant supprimé plus haut le couplet d’athéisme, il n’avait plus de raison de conserver ce jeu de scène inutile et choquant. Voici la mise en scène primitive (Manuscrit original, III, pp. 18 et 19) : « À peine est-elle entrée qu’Antony parait sur le balcon, derrière la fenêtre, coupe la vitre avec un diamant, passe son bras, ouvre l’espagnolette, entre, pâle, et marchant lentement va mettre les verrous à la porte par laquelle est sortie l’hôtesse, revient à la porte du cabinet, regarde.
    ANTONY.


    « Elle prie… attendons.

    (Une pause.) Il regarde encore, ouvre brusquement la porte du cabinet. On entend un cri. La toile tombe. »

    Les scènes d’auberge sont fréquentes chez Dumas, ses personnages étant très vagabonds. Voir notamment Angèle, Kean, Halifax, une Fille du Régent, la Guerre des femmes et passim.