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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/399

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DUMAS PÈRE ET DUMAS FILS.

(c’est l’erreur de Victor Hugo dans Angelo et ailleurs), du moins aux sentiments très généraux et assez humains pour résister au positivisme envahissant. De là le comte Hermann, symbole de la chevalerie[1], de l’homme qui fait honneur à l’homme ; homme rare, homme d’un autre âge, qui remonte à Arminius, mais un pauvre homme de chair et d’os, qui veut, qui souffre, se dévoue et meurt ; symbole vivant, avec quelque chose d’un Pantagruel dompté par la maladie, ou mieux, d’un Athos, l’Athos de Vingt ans après, père et guide de Raoul, et prêt à se sacrifier pour lui. Ce n’est plus un personnage de l’École des Vieillards ni de Teresa ; il appartient vraiment à la seconde moitié du siècle ; la Jeunesse de 1830 en eût médiocrement goûté l’héroïsme concentré et presque passif. De là Fritz, le médecin athée et empoisonneur, traître de mélodrame, bâti sur le modèle du Frantz de Schiller[2], mais déjà gagné de la fièvre du positivisme pseudo-scientifique. « … Fritz est une de ces exceptions monstrueuses comme en produit parfois la nature. La société, dans laquelle Dieu ne leur a pas fait de place, les détruit presque toujours, et, quand la société ne les détruit pas, elles se détruisent elles-mêmes, comme ces scorpions, qui, enfermés dans un cercle de feu, se tuent avec leur propre dard, s’empoisonnent avec leur propre venin.[3] » Qui parle ainsi ? Dumas ou Rémonin ? Le vieux Dumas ou Claude Ruper[4] ? Qu’est-ce que cette douce Marie de Stauffenbach, sinon l’esquisse de l’immatérielle Rébecca[5] ? Et

  1. Le Comte Hermann, I, sc. iii, p. 207.
  2. Le Comte Hermann, III, sc. i, p. 252. Fritz lit un passage de Franz Moor des Brigands, comme plus tard la Dame aux Camélias lira un chapitre de Manon Lescaut.
  3. Un dernier mot à mes lecteurs. Théâtre, t. XVI, p. 317.
  4. L’ Étrangère ; la Femme de Claude.
  5. La Femme de Claude.