Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

qu’est-ce que cet épilogue « philosophico-toxicologique[1] », s’il n’est une première ébauche de la Visite de Noces et de l’Étrangère ? Quand ce symbolisme dramatique parut sur la scène, on crut, en dépit de l’émotion pathétique et continue du drame, à une traduction inavouée de l’allemand. Dumas avait tout simplement repris la situation d’une comédie qui sondera « sous les sifflets et les rires[2] ». De Jeune Vieillesse il tira le Comte Hermann, drame simple, drame intime comme Antony, héroïque et symbolique comme la Femme de Claude. Même s’il vous plaît d’avoir un avant-goût de l’Étrangère, dès 1868, étudiez Madame de Chamblay, et arrêtez-vous aux IVe et Ve actes[3].

D’Antony, et non d’ailleurs, est né le théâtre de Diane de Lys. Les drames, où Dumas a fait œuvre d'art — après 1840 — présagent ceux de son fils après 1870. Le réalisme de la passion, brutale chez l’un, logique chez l’autre, aboutit à un idéalisme symbolique, scientifique, et surtout véhément. Car tous deux ont un fonds commun de tempérament, à défaut d’une imagi-

  1. Le Comte Hermann, pp. 312 sqq. On n’oubliera pas que le docteur Thibaut (voir plus haut, p. 22) eut sur Dumas père, à ses débuts, une influence que devait plus tard exercer sur Dumas fils le docteur Favre. Le père avait étudié l’anatomie, et le fils affronta la microbiologie.
  2. A. Dumas fils. Préface du Théâtre des autres, t. I, p. x.
  3. M. de Ghamblay n’est pas encore un vibrion, mais il est « un homme fatal, il est né sous quelque mauvaise planète, sous Saturne probablement ; il est de ceux qui portent malheur aux autres et à eux-mêmes ; une fois ruiné, et ce ne sera pas long, M. de Chamblay ne survivra pas à sa ruine ; l’adorable créature sera libre, et rien ne t’empêchera plus de l’adorer ». Madame de Chamblay (Th., XXV), V, sc. ii, p. 81. Cf. l’Étrangère, II, sc. I, pp. 257-259. On trouvera dans la même pièce l’idée de l’Antony millionnaire qui paye les dettes et apporte la clef du château ou de l’hôtel racheté ou acheté par amour, III, sc. ix, p. 61. Cf. la Princesse de Bagdad, I, sc. ii, p. 31, et II, sc. ii, p. 47.