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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/412

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

Simerose il métamorphose l’ami des femmes en Joseph Balsamo[1]. Mais quand il découvre en elles l’héroïsme résigné, alors la logique hautaine s’attendrit jusqu’aux larmes : c’est Jenny, c’est Angèle — c’est Marguerite Gautier, Clara Vignot, Elisa de Roncourt.

Ajouterai-je que ces douces créatures sont vraiment des femmes, de chair faible, et nullement immatérielles ? Nous sommes plus proches d’Adèle que de Théodore, vierge et martyre. Jane de Simerose est d’origine grecque ; « le sang d’Epaminondas » tourmente ses veines[2]. Au surplus, superstitieuses presque toutes, en bonnes filles du vieux Dumas. Dans le premier manuscrit du Demi-Monde^ madame de Lornan remettait à Olivier, au moment du duel, une médaille, souvenir de sa mère[3] : presque le talisman de Saint-Mégrin. Et à peu près toutes, même les pires, sont entêtées, enivrées de l’amour idéal, de l’amour de l’âme, éthéré, extatique, que Victor Hugo célébrait et dont Dumas parfumait la scène avant de lâcher l’autre à travers le drame.

Je n’oserais toucher le bout de votre doigt[4]


Cependant elles donnent dans un de Montègre. Jeunes filles et femmes, elles sont comme leurs mères Catherine de Clèves, Jenny, Angèle, sous le charme de la voix des hommes et d’une certaine harmonie, qui leur chatouille l’âme et le corps. L’histoire de Jane est leur histoire, au mariage près. « … Un jour, elle rencontre

  1. Dans Diane de Lys, Paul est chiromancien, II, sc. ix, p. 276. Voir plus haut, p. 318, note 1, et p. 167, note 5. La Femme de Claude croit à l’avenir dévoilé par les cartes, I, sc, i, p. 226.
  2. L’Ami des femmes, I, sc. vii, p. 83.
  3. Voir notre Génie et Métier, p. 274.
  4. Ruy Blas, III, sc. iii, p. 164. Cf. l’Ami des femmes, III, sc. ii, p. 134 : « Tenez, je vous aime au-dessus de tout, et je ne toucherais pas à un pli de votre robe…  »