Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
DUMAS PÈRE ET DUMAS FILS.

de ces dames par ses sortilèges, qu’on croirait issus de l’imagination de Dumas père, et développé les résultats de ses observations, qui sont de Dumas fils, — il épousera mademoiselle Hackendorf ou s’assiéra, lui, troisième, au foyer de madame Leverdet[1]. Ces raisonneurs, qui ne sont plus des titans, sont des volcans à leurs heures, et quand ils suivent « ces raisons que la raison ne connaît pas ». Ce mot profond de Pascal, ils en ont fait une périphrase honnête, pour exprimer ce qu’on ne dit point. N’est-ce pas un adoucissement notable, et un singulier tempérament de la doctrine : « Tue-la »[2] ?

Dumas fils ne la tuée qu’une fois[3], parce qu’au fond il l’adore, quoi qu’on en dise et quoi qu’il en ait. Pendant qu’il écrit la Femme de Claude, l’idée lui vient que la thèse contraire serait aussi dramatique[4] ; il compose la Princesse Georges, où le pauvre de Fondette paye pour Sylvanie. Il hait la mauvaise femme de toutes les forces du drame et du mélodrame paternels. Mais il aime l’autre, même déchue, de toute la sensibilité et de toute la sensualité que son père étalait, et qu’il cache. Son indulgence est passionnée, il pardonne avec exaltation : c’est le fonds de nature. Son imagination, plus pédestre et positive, ne s’émeut que pour la femme. Sa plume se met en frais ; sa prose rectiligne s’assouplit et s’insinue. Il a des digressions qui sont comme des caresses attendries : la vie de Marcelle, le voyage de Strasbourg[5]. Il en a d’autres qui sont des désirs voilés[6]. Pour sauver Jane de

  1. L’Ami des femmes (Th., IV).
  2. Conclusion de la brochure l’Homme-Femme.
  3. La Femme de Claude.
  4. Édition des comédiens. Plaquette II. Note A de la Princesse Georges, p. i.
  5. Le Demi-Monde, II, sc. ix, p. 107. L’Ami des femmes, II, sc. iii, pp. 118 sqq.
  6. Les Idées de Madame Aubray (Th., IV), I, sc. i, p. 227.