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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/54

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

Vous discutiez encor vos plans irrésolus
Que déjà par ma main vos fers étaient rompus.
Là, les soldats de Rome, ici l’or de Florence,
Les galères de Parme et l’appui de la France…
Que manque-t-il encor pour surprendre endormi
L’oppresseur qui se croit sur le trône affermi ?…
Quel soin minutieux oublia ma prudence ?
Fiesque avait tout prévu, tout disposé d’avance.
Les tyrans à vos cris ne daignaient pas penser ;
Vous savez les maudire, et moi les renverser.

VERRINA.

Fiesque, ton ascendant aujourd’hui me domine ;
Mon génie étonné devant le tien s’incline.

FIESQUE.

Trop faibles pour me suivre en mes mille détours,
Génois, vous condamniez mes volages amours,
Vous blâmiez les plaisirs de mon âme amollie.
Le génie empruntait un masque à la folie.
Avant que par son bras Tarquin ne fût chassé,
Brutus aussi, Brutus contrefit l’insensé.

LORENZO, avec dépit.

Ne suis-je donc plus rien ?

FIESQUE.
Maintenant plus de trêve,
Que l’œuvre commencée au même instant s’achève ;

Le temps est précieux ; agissons sans délais.
Des soldats sont cachés au sein de ce palais[1]


Et voici qu’on ramène le nègre garrotté, qui a trahi Fiesque auprès de Doria. Les conjurés se troublent. Le vieux Verrina lui-même est ébranlé :

Je crains peu des tourmens que je saurais souffrir,
Mais sur un échaffaud je ne veux pas mourir[2].

Mais ce tyran, que tout le monde déteste, est un cœur d’élite et un prud’homme, qui ne veut pas croire à une

  1. Manuscrit inédit, IV, sc. x.
  2. Ibid., IV, sc. vi.