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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/81

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INFLUENCES ANGLAISES.

en est illustré, et elle flamboie dans la Tour de Nesle. Je dis seulement qu’après s’en être adroitement servi comme d’une décoration peinte pour la joie du peuple, il l’a bientôt su appliquer à d’autres fins ; d’où Antony et le Demi-Monde.

Et il a vu de quelle ressource était le procédé pittoresque au théâtre, recommandé par Diderot, appliqué par Beaumarchais, élargi et fécondé par le roman de Scott. Ivanhoe est plein de scènes qui font tableau : la cabane de l’ermite, le chevalier noir, l’assaut et la défense du castel, et vingt autres qui s’animent par le dialogue et qui captivent l’imagination et les yeux. Je pense que rien n’est plus aisé que de dessiner un roman de Walter Scott. Peintres et sculpteurs, avant 1830, s’étaient mis à l’œuvre. Tous les arts communiaient et étaient frères en lui. Le seul Mérimée ne pouvait assujettir sa plume à ces exercices qui passaient pour ressusciter les temps[1]. Sur un théâtre destiné au peuple, cet art, s’il est un peu gros, ne manque point son coup : il amorce l’émotion, il éclaire les larmes. Joignez-y la recherche et la vérité du costume et les groupements de personnages : il y a là un élément d’intérêt, dont Dumas saura faire usage, toujours avec quelque indiscrétion, dès Henri III et sa Cour, jusqu’à ce qu’il tombe dans le drame-panorama du boulevard, qui ne tient plus à l’historique que par le titre et l’affiche.

Walter Scott n’est pas un prophète du passé, non plus que Dumas. Scott « s’arrête sur le seuil de l’âme et dans le vestibule de l’histoire[2] », et Dumas ne va pas beaucoup plus loin que la toile de fond de son théâtre. Peut-être l’un a-t-il encore enseigné à l’autre l’intérêt

  1. Chronique du règne de Charles IX, pp. 134 et 135. Tout le chapitre.
  2. Taine, op. cit., t. IV, ch. {{rom|i]], § iv, p. 303.