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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/84

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

prendre[1] » Cette phrase ne lui a pas coûté d’effort d’invention. Côme Ruggieri aime les gros honoraires, pour en faire, il est vrai, un usage plus édifiant que Galeotti. Il n’offre point de corset à Toinette ; il achète des horloges et des manuscrits précieux. Il a beau commencer sur le ton de Faust ou de Manfred : « Parviendrai-je à évoquer un de ces génies que l’homme, dit-on, peut contraindre à lui obéir[2] ?… » À quoi bon, mon père ? On vous reconnaît.

« … Or, écoutez, messieurs ; moi, Paul Estuert, seigneur de Caussade[3] … » Ces formules de défi ou de vœu sont traduites de Walter Scott, qui d’ailleurs imitait Shakespeare. Saint-Mégrin a lu Ivanhoe. Et je reconnais aussi la bonne madame de Cossé, dont la jeunesse date du fameux tournoi de Soissons ; elle n’est autre que la dame féodale, Hameline de Croye, dont les souvenirs remontent à la passe d’armes d’Ho-

  1. Henri III et sa Cour, I, sc. i, p. 120.
    Cf. Quentin Durward, ch. xiii, p. 180. « … D’après son horoscope, vos progrès dans notre art sublime vous ont permis d’en porter vous-même un jugement semblable. » Remarquer que Walter Scott emprunte de Schiller (voir ci-dessous, pp. 98 et 102 sqq.) avec la même désinvolture.
  2. Henri III et sa Cour, I, sc. i, p. 119. Cf. Faust, première partie, p. 132. Cf. Manfred, I, sc. i p. 334, col. 1, et pour la phrase du début : « Cette conjuration me paraît plus puissante et plus sûre. » Cf. la Mort de Wallenstein, I, sc. i, p. 246. « Oui, elle est maintenant dans son périgée, et elle agit sur la terre avec toute sa puissance. »
  3. Henri III et sa Cour, I, sc. iv, p. 155. Cf. le Roi Lear, V, sc. iii, pp. 365 et 366. — Le gant est jeté, et le défi porté au son des trompettes. Cf. Ivanhoe (trad. Dumas), t. I, ch. xxv, p. 297 et passim. Cf. surtout le vœu de Crèvecœur (Quentin Durward, ch, xxiv, p. 304), que Dumas semble avoir textuellement adopté ici : « … Moi, moi, Philippe Crèvecœur des Cordes, je fais vœu à Dieu et à saint Lambert et aux trois rois de Cologne de ne songer à aucune autre affaire terrestre, jusqu’à ce que j’aie tiré pleine vengeance… dans la forêt ou sur le champ de bataille, en ville ou en campagne ou dans la plaine…, etc. »