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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/89

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INFLUENCES ANGLAISES.

très fier d’avoir jeté Jenny par la fenêtre. Mais il se garde d’ajouter qu’il retourne alors à l’un de ses romans préférés ; que Walter Scott avait trouvé ce dénoûment avant lui, et qu’Amy Robsart avait devancé Jenny dans le précipice[1]. Il n’en parle pas ici ; il le confesse ailleurs, par une inadvertance[2]. Dirai-je, après cela, que le septième tableau, le jugement de Dieu, si dramatique dans Catherine Howard, est une adaptation d’Ivanhoe[3] ?…

« Mon travail sur Walter Scott, écrira plus tard Dumas d’un air détaché, ne m’avait pas été inutile, tout infructueux qu’il était resté[4]. » Il avait alors


    Richard et celui de Menie Grey. « … La fille est assez bien pour figurer dans un bal d’Ecosse ; mais a-t-elle de l’intelligence ? Sait-elle ce que c’est que vivre ? — C’est une fille très sensée, si ce n’est qu’elle m’aime ; et cela, comme dit Benedict (personnage de Shakespeare), n’est ni une preuve de sagesse ni une démonstration de folie. — Mais a-t-elle de la vivacité, du feu, du brillant, quelque étincelle de diablerie ? — Pas un grain, répondit l’amant ; c’est de toutes les créatures humaines la plus douce, la plus simple, la plus facile à conduire… » Cf. Richard Darlington. La fin du roman de Walter Scott s’égare aux Indes, où Menie Grey va retrouver Richard, qui a signé un pacte honteux avec Tippoo. Mais on voit que Dumas y a puisé beaucoup au delà du prologue, et qu’il y avait « un drame dans la suite », quoi qu’il en dise dans ses Mémoires.

  1. Mes mémoires, t. VIII, ccx, p. 234 et pp. 240-241-242. Cf. le Château de Kenilworth, ch. xli, pp. 469-470.
  2. Mes Mémoires, t. X, ch. ccliii, p. 137. « Le seul roman passionné de Walter Scott, c’est le Château de Kenilworth (cf. Mes mémoires, t. IV, ch. cvii, p. 267) ; aussi est-ce le seul qui ait fourni un drame à grand succès ; et encore les trois quarts du succès étaient-ils dus au dénoûment qui était mis en scène, et qui jetait brutalement aux yeux du public le spectacle terrible de la chute d’Amy Robsart dans le précipice. »
  3. Catherine Howard, IV, tabl. vii, sc. i, ii, iii, iv, pp. 291-299. Cf. Ivanhoe (trad. Dumas), t. II, ch. xxxvi, pp. 163-164, ch. xxxvii, pp. 164-181, ch. xxxviii, pp. 181-186.
  4. Mes mémoires, t. X, ch. ccliii, p. 137.