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Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/26

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FRANÇOIS VILLON.

L’année 1431 et les suivantes furent pour les Parisiens des années terribles. Jusqu’à la reprise de possession de la ville par les Français, Armagnacs et Bourguignons pillaient et massacraient à qui mieux mieux tout autour de la capitale, tandis qu’à l’intérieur les Anglais faisaient peser sur les habitants une tyrannie d’autant plus violente qu’ils sentaient leur domination près de sa fin. Les gens de métier ne trouvaient plus à gagner leur vie; la maladie se joignait à la disette pour décimer la population. Les choses n’allèrent pas mieux quand les Anglais eurent quitté Paris. Le roi ne faisait dans sa capitale que de courtes apparitions, et la laissait aux mains de gens de guerre qui écrasaient le peuple d’impôts et ne le défendaient pas contre les brigands dont la plupart étaient leurs propres hommes d’armes, non soldés et se payant sur le commun. Les Anglais reparaissaient aux portes de la ville et arrêtaient les convois de vivres. La famine faisait rage plus que jamais. Le Bourgeois de Paris dit en 1438 : « Et pour les courses que les diz larrons faisoient enchéri tant pain et vin que peu de gens mengeoient de pain leur saoul, ne povres gens ne beuvoient point de vin ne ne mengeoient point de char, qui ne leur donnoit : ne mengeoient que navez ou trognons de choux mis a la braise sans pain, et toute nuit et tout jour crioient petis enfans et femmes et hommes : Je meur ! hélas ! doux Dieu, je meur de faim et de froit ! » En cette même année, la peste emportait cinquante mille personnes, et on ne pouvait nourrir les malades entassés à l’Hôtel-Dieu, si bien qu’il en mourait autant de la faim que de