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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/213

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LE CHEMIN DU CRIME

ment sûres. Pour cela, j’avais besoin d’une avance. J’étais certain de pouvoir, à bref délai, la restituer. J’ai pu ne pas être correct dans ma manière de me procurer mes mises de fond. C’est une légèreté, voilà tout, et, si tu étais au courant de la psychologie des gens d’affaires, » — une ironie passa dans son accent pour se moquer du vocabulaire habituel à Jean, — « tu saurais que ces virements-là sont quotidiens, sous une forme ou sous une autre. Celui-là n’aura nui qu’à moi, et j’en serai assez puni, puisqu’il me faudra avoir demain, avec cette brute de Berthier, une scène très désobligeante. Quant à ce nom de Montboron, je te trouve étonnant de me le reprocher, dans la même phrase où tu qualifies d’ignobles les personnes parmi lesquelles il me plaît de vivre ! Tu devrais, ce me semble, me féliciter de ne pas compromettre en mauvaise société celui de Monneron. Je ne te trouve pas moins étonnant de blâmer mon attitude, tout à l’heure, vis-à-vis du père, quand j’ai simplement agi comme toi. Le pauvre homme se serait mis martel en tête pour une irrégularité d’écritures dont j’aurai effacé demain matin jusqu’à la dernière trace. Si Berthier, encore un coup, m’avait parlé, à moi, au lieu de faire tant d’embarras, il n’y aurait même rien eu à effacer : je remettais l’argent aussitôt. Je l’ai là. Le compte La Croix se trouvait parfaitement en règle. Financièrement, il l’a toujours été. Mais oui. D’après les règles du Grand Comptoir, un dépositaire n’a pas le droit