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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/423

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LA CATASTROPHE

crites, — ou bien enfin à se démettre du Comité, ce qui signifiait pour eux quitter la Tolstoï. Dans l’élaboration de ses statuts, le fondateur, avec son génie d’organisation, avait prévu aussi des luttes intimes. Pour assurer l’unité de son œuvre, il avait fait accepter cette clause que tout membre du Comité qui démissionnerait cesserait en même temps d’être membre de l’Union. Comme un autre article portait que le Comité se recrutait lui-même, Riouffol, Pons et Boisselot démissionnaires, c’était leur remplacement assuré par trois personnes du choix de Crémieu-Dax, qui ferait certainement voter, comme il voudrait, les trois membres restants : Rumesnil, Bobetière et Jean Monneron. Riouffol et ses deux partisans restèrent donc décontenancés devant une mise en demeure qui constituait un véritable coup d’État dans l’intérieur de l’U. T. Ils sentirent le maître. Comme ils se taisaient, Crémieu-Dax reprit :

— « Nous sommes bien d’accord tous les six ?… Oui. Maintenant, puisque Rumesnil, qui devait nous présider, n’est pas là, je vous propose de tirer au sort celui qui le remplacera, et tout de suite, ou de voter. Nous avons le choix. Le bruit augmente. Dans dix minutes, il sera plus malaisé encore de le réprimer. Écoutez… »

La chanson, commencée dans l’escalier, avait maintenant gagné la salle, et le plus hideux de ses couplets arriva distinctement à travers la cloison, celui qu’il faut toujours citer, pour la honte éternelle des politiciens qui ont poussé l’amour