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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/12

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préface

dans les deux Amériques, aux Antilles, à Haïti, dans les possessions de l’Océan Pacifique, ne me faisaient pas défaut, mais invariablement nos bons ministres me répondaient : Les crédits sont épuisés et je ne tardais pas à m’apercevoir que je n’avais rien à attendre de ce côté.

Aller en Guyane après Coudreau, en Afrique après la pléiade de compatriotes illustres qui la sillonnaient en tous sens, il n’y fallait guère songer : ces intrépides avaient monopolisé beaucoup de périls et un peu de gloire ; j’arrivais vraiment trop tard, et je dû reconnaître que l’audacieux tu quoque n’était pas si facile que cela à réaliser, tant il est vrai que dans le vieux monde il y a toujours loin des lèvres à la coupe, même quand on ne demande qu’à risquer sa peau et à se faire rompre les os pour la France !

Je parlais tout à l’heure de la guerre comme d’une première et terrible étape, bientôt sur ces entrefaites j’allais arriver à une seconde étape non moins solennelle et douloureuse pour moi, personnellement : je touchais la quarantaine.

Loin de m’en réjouir, comme le capitaine qui parvient au port, après un long voyage, je ne voyais pas arriver sans effroi l’heure fatale où, tout en comptant mes cheveux blancs, je me disais : je