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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/133

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SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS

chevet, c’est-à-dire de la chapelle du fond de Saint-Germain-l’Auxerrois et qui donne sur la rue de l’Arbre-Sec. Vous distinguerez très nettement plusieurs carpes coupées en morceaux. Chaque morceau, la tête, la queue, le corps, alterne avec une rosace et court en bordure au-dessous de la galerie qui couronne la chapelle.

C’est insensé, direz-vous, et c’est cependant bien simple : un bon bourgeois du bourg, très riche, très religieux, très idiot et pas mal poseur, a fait construire à l’abside une chapelle avec ses armes parlantes, soit des tronçons de carpe, parce qu’il s’appelait lui-même Tronçon !

Commencez-vous à comprendre ? Ce n’est pas plus malin que cela, et quelle source de revenus immenses pour ces bons prêtres qui savaient exploiter la vanité humaine dans les grands prix.

La famille Cochonnet était immortalisée par une truie avec ses petits, les honorables Terrier passaient à la postérité avec quelques chiens habilement sculptés.

Ça n’était pas plus compliqué.

J’avoue que cette façon d’appliquer le calembour à la mort, inventée par l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, m’a plongé dans une douce gaîté ; ils étaient parfois facétieux, ces frocards, surtout lorsque cela amenait de beaux écus de France dans leur escarcelle.