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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/15

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préface

de toutes les forces ; on fait comme Xavier de Maistre…

— Oui, cher ami, je sais, le Voyage autour de ma chambre, mais c’est fait.

— Eh bien, le Voyage autour de mon jardin ?

— Hélas ! je n’en ai point.

Alors, lui, railleur :

— Mon pauvre vieux, vous me faites pitié avec votre manque d’imagination ; voulez-vous un sujet neuf et bien suggestif pour un Parisien comme vous ? Savourez-moi ce titre : Exploration au fond de mes poches…

Le malheureux n’avait pas eu le temps d’achever qu’il me recevait évanoui, mourant dans ses bras.

Enfin, revenu à moi avec force vinaigre, grandes tapes dans les mains et énergiques soufflages dans la bouche, il me dit, tout ému lui-même, le pauvre garçon :

— Mais, qu’avez-vous ? Ça va mieux ? Quelle peur !

— Oh, mon cher, c’est de votre faute aussi, explorer mes poches, mon porte-monnaie ? mais si j’allais y trouver le diable ?

— Mais ça mène à tout ; Cornélius Herz a bien été nommé grand officier de la Légion d’honneur pour avoir exploré les poches des Français.

— Ça n’est pas la même chose.