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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/189

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LE NOUVEAU-CIRQUE

ouvrait ses portes au public ; transformée ou plutôt refaite à neuf, la salle était une des plus belles de Paris. Au milieu, un orchestre de 50 musiciens, conduits par Arban, Olivier Métra ou des hommes de cet acabit, entraînait les danseurs qui répercutaient les rondes folles de la valse dans des glaces entourant toute la salle. Plus loin, une grande diablesse de Vénus en bronze doré, faisait l’office de fontaine et distribuait des parfums à toutes les demi-mondaines, à toutes les grisettes, à toutes les étoiles de la danse de l’époque, à commencer par la Rigolboche.

La salle n’était pas très haute de plafond ; garnie, là où il n’y avait pas de glaces, de papier rouge foncé à ramages, elle donnait l’impression de la vie et de l’atmosphère chaude et cependant tout autour, le long des murailles, courait une galerie où l’on accédait par des escaliers dérobés à moitié. Là, dans ces galeries, on pouvait à peine se tenir debout, le gaz vous brûlait les yeux, l’odor di femina vous montait au cerveau en effluves enivrants et, dans la demi-obscurité, la jeunesse parisienne payait à boire aux belles filles du temps ; souvent la conversation devenait trop éloquente, les moyens de persuation un peu vifs… tirons les rideaux sur ces souvenirs de la vingtième année.

Cela se passait encore ainsi au lendemain de la