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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/188

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MON BERCEAU

Valentino qui, dès l’âge de quatorze ans, conduisait un orchestre, Valentino, le chef d’orchestre au talent incomparable, le brave et excellent homme estimé de tous ses camarades, l’ancien chef d’orchestre de l’Opéra, de l’Opéra-Comique en un mot, sur la proposition de Chabron, se décide à inaugurer, en 1837, les concerts de musique classique de la rue Saint-Honoré, sur l’emplacement qui nous retient en ce moment ; pendant trois ans, avec un orchestre de premier ordre, il s’efforça de faire connaître à Paris, Haydn, Mozart et Beethoven. Ce fut un four noir et il dut fermer en 1841. Rien d’étonnant à cela, car la moyenne intellectuelle du tout Paris, sous Louis-Philippe, n’était pas brillante, mais je liens à rendre ici un public hommage à la grande mémoire de ce pauvre et vaillant artiste qui s’appelait Valentino et devait mourir oublié à Versailles en 1865, car il fut véritablement un novateur et fut l’inspirateur direct de Pasdeloup qui, lui, devait enfin connaître le succès.

Voilà ce que c’est que d’arriver trop tôt, sous une monarchie d’épiciers et de marchands de chandelles !

Ce n’est que quatorze ans plus tard, en 1855, dans les premiers jours de l’année, que le bal Valentino, gardant le nom de l’excellent musicien,