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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/193

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LA SALLE MONTESQUIEU

Théâtre-Français et même les Tuileries, sous le gouvernement des Trois Glorieuses.

C’est dire que le quartier était aussi malsain au moral qu’au physique et qu’il était fort mal habité. Il y avait là beaucoup de filles de bas étage — triste queue, infect résidu de ce qui jadis avait rendu si célèbres les fameuses galeries de bois du Palais-Royal. La couleur et les folles équipées des temps héroïques avaient disparu ; seule la prostitution du trottoir avait surnagé après les grands événements qui avaient marqué le commencement du siècle.

Aussi le bal Montesquieu s’en ressentait-il ; il était mal fréquenté ou plutôt beaucoup moins amusant que la Grande Chaumière qui, du moins, là-bas, en haut de la rive gauche, donnait asile à toute la franche et vivante jeunesse des écoles ; beaucoup moins chic surtout que Mabille où le cancan — une récente invention — faisait florès et dont Chicard, l’immortel Chicard, était le dieu.

Il trônait là, entouré de ses houris qui s’appelaient Céleste Mogador, qui plus tard devait s’appeler Mme la comtesse de Chabrillan — un nom prédestiné — Clara Fontaine, Mme Panach, Rose Pompon, et enfin plus tard la Rigolboche, l’incomparable virtuose du chahut.

Grille d’Égout, Rayon d’Or, la Môme Fromage, la Goulue, pleurez, car vous n’avez pas encore