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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/243

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l’hirondelle

Donc, dans cette boutique carrée de la galerie Montpensier, pas bien grande, qui était autrefois le café de Foy et qui est aujourd’hui le magasin ouvert à tout venant d’un bijoutier, se trouve au plafond la fameuse Hirondelle d’Horace Vernet ; mais comment y est-elle venue et comment y est-elle restée ? voilà le problème posé et il ne semble pas facile à résoudre.

Mon premier soin a été de courir l’arrondissement en tous sens, à la recherche d’un médaillé de Sainte-Hélène ; celui-là, du moins, serait un témoin vivant, mais partout on m’a répondu : Il n’y en a plus, le dernier des vieux de la Grande-Armée, qui habitait le quartier, est mort il y a dix ans, il y a cinq ans, moins ici, plus là ; mais de témoins, pas l’ombre d’un. J’ai bien été obligé de me contenter des trois versions qui circulent discrètement sous les arcades du palais.

La première affirme qu’un beau matin, pendant que les deux ouvriers qui repeignaient le plafond étaient allés déjeûner, le jeune Horace, pour leur faire une bonne farce, s’était emparé de leurs pinceaux et avait jeté là, avec toute la fougue de ses vingt ans, l’Hirondelle qui devait faire bientôt un si joli chemin dans le monde, grâce aux ailes de la Renommée qui remplaçaient les siennes.