Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
les originaux

contemporains et tout ce que l’on peut dire, c’est qu’il n’était probablement qu’un pauvre détraqué qui avait été achevé par l’ingratitude et la dureté de son parti : j’oubliais de dire que Chodruc-Duclos était un royaliste féroce et convaincu. C’est pour le récompenser, sans doute, que la monarchie le laissa à peu près mourir de faim et le poursuivit en police correctionnelle, avant de chercher à salir sa mémoire, en lui attribuant des actes qu’il n’avait point commis et des paroles qu’il n’avait point prononcées. Si ces paroissiens-là avaient eu un peu de cœur, ils auraient compris que ce paquet de guenilles qui déambulait à la face du ciel, était le remords même, le remords vivant du régime. Mais il devait être la victime naturelle de la haine implacable que les Bourbons et les Schiappini, dits d’Orléans, nourrissaient à l’égard les uns des autres.

Chodruc-Duclos meublait à sa façon le Palais-Royal, d’une manière peu banale ; comme le canon, son passage indiquait les heures de la journée, aussi le jour de sa mort, le 11 octobre 1842, chaque commerçant versa un pleur sur le pauvre — ceux qui ne connurent sa mort que le lendemain ne versèrent leur pleur que le 12 octobre 1842 — et ce fût tout.

Aujourd’hui les Anglais ont remplacé ces originaux, ça n’est plus drôle du tout, c’est lugubre.