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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/390

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Mon berceau

d’élever le débat à la hauteur patriotique qu’il comportait, ils n’ont pas voulu donner la seule solution pratique et possible de l’assainissement de la Seine, en réclamant Paris-Port-de-Mer, parce qu’ils savent bien que ce canal serait pour nous un admirable instrument de lutte contre la concurrence anglaise.

Mais c’est égal, jusqu’à la dernière minute je voulais espérer qu’un homme de cœur se lèverait pour dire ces choses et cravacherait de sa rude éloquence et de son ardent amour du pays tous les vidangeurs anglo-saxons de tendance, qui pullulent en France. Cet homme ne s’est point trouvé. La solution du tout-à-l’égout a été heureusement résolue il est vrai ; mais les débats ont été étriqués, et Paris-Port-de-Mer, le mot magique pour l’avenir et la grandeur de la France, ce mot, qui est la terreur de l’anglais, n’a pas été prononcé. C’est là ce qui m’attriste profondément et me fait douter de l’énergie et du patriotisme de ceux qui devraient avoir pour mission de nous enseigner ces mâles vertus[1].

  1. Dans sa séance du mercredi 15 mars 1893, le Conseil municipal de Paris a voté par 60 voix sur 61 — le jésuite Odelin représente l’unité qui proteste — un emprunt de 116 millions pour l’exécution intégrale de l’assainissement de Paris, c’est-à-dire du tout à l’égout, avec tout l’ensemble de travaux que comporte le plan général.
    On ne saurait trop louer le Conseil municipal à propos de cette sage résolution.