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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/415

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LA BOURSE

baie du haut éclairait approximativement, que la salle était sombre, noire et triste, c’est faux : la Bourse de Paris est simplement salle, immonde, gluante et noire, elle est simplement la plus dégoûtante du monde, parce qu’elle n’a jamais été nettoyée depuis son inauguration, en 1826.

La voussure de la voûte est ornée de superbes grisailles peintes par Abel de Pujol et Meynier ; à l’origine elles se détachaient en reliefs puissants, c’est à peine aujourd’hui si on les devine en cherchant bien avec une longue-vue, tant elles sont noircies par le temps, culotées, perdues, anéanties, et l’on ne fume qu’à partir du coup de cloche de 3 heures, à peine quelques minutes, zuzez un peu, disent les Marseillais de la coulisse, si l’on fumait de midi à 3 heures dans le monument !

Du reste, il y a des fatalités pour les noms prédestinés, quand les œuvres de Meynier ne blanchissent pas, elles noircissent en vieillissant.

En bas, au-dessus des hautes plinthes en marbre rouge, à la hauteur de la tête, les murailles et les colonnes, noires comme de l’encre, sont couvertes d’une couche de graisse et de pommade fétides, gluantes et grouillantes de microbes capillaires qui s’échappent de toutes les têtes de levantins, et le doigt, le long des parois, enfonce dans cette matière fétide et innommée ; quant à l’atmosphère, n’en parlons pas, elle est putride et pestilentielle,