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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/416

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MON BERCEAU

tous les relents infects vous empoignent à la gorge et les pieds secs des agents de change n’ont rien à envier aux pieds humides ; les belles allégories relatives au commerce ou à l’industrie d’Abel Pujol et de Meynier, là-haut, dans le plafond, sont invisibles et cachées aux yeux des profanes, d’autant plus cachées, que sous prétexte d’éviter le soleil et la chaleur, la moitié de la baie vitrée du toit est encore couverte de paillassons ou de volets.

Autrefois on appelait par mépris agents marrons les coulissiers timides qui se tenaient en dehors des agents sacro-saints de la corbeille, aujourd’hui c’est tout le monde qui est marron…. pardon, marri de se trouver ainsi dans l’obscurité puante, dans la pénombre sale, dans la nuit louche, et la première fois qu’un étranger ou qu’un provincial pénètre dans notre Bourse, il reste suffoqué, terrifié, scandalisé et renversé.

On raconte à ce propos des histoires bien typiques : un jour une jeune et romanesque Américaine, folle d’amour, voulant se suicider, s’est jetée du haut des galeries supérieures dans la salle, au risque d’écraser deux ou trois princes de la finance, — de ceux qui font les cent pas dans le