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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/56

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MON BERCEAU

remarquer des rideaux très blancs, trop blancs, relevés d’une façon provocante ou provocatrice, comme il vous plaira, par des rubans ponceau ou bleu de ciel.

C’est là qu’allaient se reposer un instant les respectables vieillards qui avaient fait les cent pas dans la galerie d’Orléans, en quête d’un minois de bonne composition.

De jeunes nymphes en chemises de soie rose leur rappelaient, par une conversation animée ou par une chanson de gestes, les souvenirs lointains des galeries de bois, disparues depuis longtemps, et lorsque la dernière locataire en était partie, elle était venue se réfugier là, emportant avec elle sa clientèle favorite et voilà comme cette maison de commerce, aussi tolérante que tolérée, s’était transmise de mains en mains jusqu’à nos jours et comment les derniers vestiges des galeries de bois vont enfin disparaître du Palais-Royal.

Comme on sait que la vertu fait de grands progrès en ce moment, personne ne s’en plaindra.

Avec ses doubles escaliers, ses portes basses et dissimulées à mi-flanc des étages, cette diable de maison était parfois cruelle aux octogénaires, coureurs d’aventure, ils se trompaient d’escalier et les appels désespérés se faisaient entendre de l’autre côté de la rampe circulaire, mais il fallait redescendre, puis remonter, quel supplice pour