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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/69

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LE CAVEAU DES INNOCENTS

en 1470 ; toutes celles du même côté de la rue des Innocents étaient en bordure sur le charnier des Innocents et faisaient partie du couvent du même nom.

Toutes possèdent ces trois étages de caveaux sombres, bas, étouffants, d’in pace, qui rappellent d’une façon sinistre la bestiale et lâche cruauté de la noblesse et du clergé avant la Révolution.

Le caveau en tant que débit-restaurant a été ouvert en 1812 ; aujourd’hui les caveaux sont éclairés au gaz et la nuit la jeunesse dorée vient rire et boire, en écoutant dans l’extase béate et idiote particulière aux gommeux et aux cocottes saoûles, les chanteurs ambulants et les joueurs de cithare qui redisent les refrains du jour.

De temps en temps un grand brouhaha de (rois minutes de curiosité ; c’est le prince de Galles qui vient prendre un verre en passant, mais qui trouve le milieu trop comme il faut pour lui et trop privé de baccarat, puis tout rentre dans le calme et la jeunesse continue à noyer ses nuits dans le Champagne, à côté des braves maraîchers qui, dans leur for intérieur, ont une bien triste idée des classes dirigeantes et de leurs rejetons.

J’ai voulu visiter ce fameux troisième étage d’in pace à plus de 15 mètres sous terre ; impossible, non-seulement à cause de l’eau, mais parce que la ville les a fait murer. Pourquoi ? je l’ignore et