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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/20

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vii

savoir dans l’esprit de ceux qui me suivent et si j’ai détruit quelques superstitions surannées et quelques croyances toujours criminelles et dangereuses, parce que fausses et mensongères, j’estime que je n’aurai perdu ni mon temps ni ma vie, et ce sera pour la plus douce des récompenses que puisse ambitionner un penseur sincère, un savant probe et un homme de lettres désintéressé.

Mais si je récuse énergiquement le qualificatif de polygraphe, vraiment trop difficile à justifier, je ne veux pas davantage être traité de prophète, surtout dans mon pays, ce qui serait d’ailleurs, un rêve impossible, et cependant, souvent, aux yeux du vulgaire qui ne sait pas rechercher le pourquoi des choses, j’y aurais peut-être plus de titres.

C’est ainsi que bien souvent, en écrivant mes nouvelles les plus fantastiques ou les plus surprenantes, je me faisais à moi-même la gageure de la rendre aussi invraisemblable, aussi extra-normale que possible, et c’est ainsi que, neuf fois sur dix, l’idée, le projet énoncés se trouvaient réalisés dans le courant de l’année qui suivait sa publication dans la presse.