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Voyant combien le linge est vite abimé, malgré un empesage féroce et un amidon outré dans les Carolines, en Géorgie, à la Nouvelle-Orléans, à Baton-Rouge, au Texas, etc., et combien l’on souffrait de la chaleur nuit et jour, des industriels ingénieux et pratiques, comme qui dirait les tenanciers des bazars de l’Hôtel de Ville du nouveau Monde, viennent d’avoir une idée aussi lumineuse que glaciale qui a cependant immédiatement conquis tous les suffrages de la société snob de ces vastes et jeunes États.

Ils se sont dit, avec juste raison, ces braves gens, que l’on avait en hiver des bassinoires pour réchauffer les lits et qu’il n’y avait pas de raison pour ne pas avoir le contraire en été, ou plutôt, pendant les chaleurs qui durent plus ou moins toute l’année dans ces contrées fortunées.

Et voilà comment très sagement et très pratiquement ils se sont mis dare-dare à fabriquer et à lancer dans le commerce des bassinoires à la glace qui est comme l’opposé, l’antithèse, ou plus simplement l’antinomie de la vieille bassinoire remplie de braise des pays froids.

Immédiatement la chose eut un succès fou et toute la claincaillerie, comme disait Cherbuliez dans un de ses romans, fit fortune avec ce nouvel ustensile de ménage.

Mais ce n’est pas tout et voyant cet immense succès, les lanceurs perfectionnèrent leur invention, d’abord rudimentaire, et ils arrivèrent promp-