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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/236

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toujours à la main et qu’ils ne sont pas jetés, comme en France, sur la scène ?

L’imprésario me regarda avec surprise et intérêt pour démêler si j’étais un naïf ou si je me moquais de lui et, voyant mon air de parfaite candeur, il partit d’un éclat de rire formidable qui alla ébranler tous les portants et tous les praticables de la scène, entre cour et jardin, jusqu’aux frises.

Revenu à lui, il me dit :

— Mais non, ça ne me ruine pas, c’est une petite combinaison…

— ?

— Mais oui, tels que vous les voyez, tous ces bouquets me font parfaitement une saison ; il suffit de les passer délicatement sous la pompe tous les trois ou quatre jours.

— Eh bien, elles sont rustiques vos fleurs, ici !

— Pas plus qu’ailleurs, mais mes bouquets sont simplement, en celluloïd ; c’est ce qui vous explique pourquoi nous ne pouvons pas les jeter sur la scène, ça ferait un bruit de ferraille épouvantable. Vous comprenez ?

— Parfaitement. Mais c’est génial.

— Non, c’est simplement économique et, je vous le répète, ces bouquets me font ainsi facilement toute la saison.

— Et ils vous servent même, un peu retapés, l’année suivante ?

— Jamais de la vie, j’achète de beaux bouquets