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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/237

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neufs tous les ans ; c’est une dépense à faire, mais seulement une fois l’an.

— Alors ils sont perdus à la fin de la saison ?

— Jamais de la vie.

— Je ne comprends plus.

— C’est pourtant bien simple ; j’ai un traité avec un grand marchand de couronnes mortuaires ou funéraires et ils transforment mes pauvres bouquets de divettes en couronnes qui vont s’étaler et s’épanouir sur les plus belles tombes de notre Campo-Santo. De la sorte je ne perds rien et mes bouquets me reviennent à beaucoup meilleur marché.

— C’est tout à fait génial.

— Non, mais cette fois je vous concède que la combinaison, la petite combinazione, comme nous disons ici, est pratique, ingénieuse et économique et, sans me flatter, cher Maître, je puis ajouter qu’elle est de moi.

Je lui serrai la main en signe d’admiration et tranquillement, posément, je lui dis :

— Avez-vous entendu parler des Juifs ?

— Ce sont des gens bien forts en affaires.

— Des Levantins ?

— Ce sont des marchands de nougat quand ils ne sont pas banquiers.

— Des Génevois ?

— On affirme qu’un Génevois vaut à lui seul un juif et un levantin.

— Des Auvergnats ?

— On prétend que c’est le juif français.