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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/275

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En France, malheureusement, il n’en va pas de même ; quantité de femmes qui sont vaccinées et dont les maris sont électeurs, qui ne sauraient jamais se séparer de leur bichon frisé ou de leur chat, envoient avec la plus crâne des désinvoltures leur héritier, dès le lendemain de sa naissance, à cent lieues de Paris, ou de chez elles, chez une brave paysanne qu’elles ne connaissent pas et qui commencera par leur changer leur gosse pendant la nuit en chemin de fer avec un autre…

Tous les rapports des médecins spécialistes sont là pour en faire foi et comme la voix du sang n’existe que dans les romans-feuilletons du Petit Journal, une fois l’échange fait, il l’est bien et si un jour votre fils n’est qu’un idiot, vous n’avez qu’à vous en prendre à votre manque de cœur.

En Normandie, il y a, dans le pays de Caux principalement, des nourrices sèches dont c’est le métier d’avoir des dépôts, des casernes —— la comparaison est juste — de nourrissons, dont il ne meurt que 85 à 87 % la première année.

Toutes les statistiques officielles le constatent ; et puis après cela allez donc prétendre que les françaises ne sont pas de bonnes mères !

— Mais il y a la nécessité du commerce, des affaires ; une boutiquière ne peut pas donner à téter à son mioche au comptoir.

— Allons donc, il n’y a pas, il ne peut pas y avoir et il n’y a jamais de nécessité plus impérieuse et plus sacrée que celle d’aimer et d’élever soi-même ses enfants.