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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/317

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se trouvait notre hôtel, a l’opposé du Corso, nous étions sur la place de la Victoire, si tel est son nom, ce qui a peu d’importance ; et, comme nous regardions la colonne surmontée d’un saint quelconque qui était devant nous, nous trouvâmes en face d’un escalier de pierre dont le terre-plein du bas était couvert de tréteaux, des éventaires, des étagères, des marchandes de fleurs. Nous étions, en effet, en face d’un joli, coquet et ravissant marché aux fleurs, sinon d’un grand marché comme celui de la Rambla, que nous avons vu en octobre à Barcelone, lors de notre voyage aux Baléares.

Mais il faut le déclarer tout de suite, les roses et toutes les fleurs qui étaient là, avaient une couleur, une fraîcheur, une chaleur de tons vraiment admirables. Il y avait des roses aux tons de feu, de chaudron, comme certaines variétés de roses-thé, qui étaient des merveilles à tenter tous les coloristes du monde.

Naturellement ma femme, avec sa passion malheureuse pour les fleurs, était tombée en arrêt, bouche bée, devant cette orgie chaude, mais nullement brutale, de couleurs, lorsque Mme Rostopchine lui administra tranquillement une douche d’eau froide :

— N’est-ce pas, chère Madame, que c’est plus beau que la nature elle-même ?

— J’allais le dire ; je n’ai jamais vu de pareilles fleurs.

— Il n’y a rien d’extraordinaire à cela, puis-