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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/318

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que c’est la première fois que vous venez à Rome. Or, ici, vous vous trouvez en face du marché des fleurs naturelles peintes !

Et comme ma femme se récriait :

— Mais oui, ce sont bien les Romains qui ont inventé cette industrie curieuse qui se perd dans la nuit des temps, que vous autres commencez à peine à imiter timidement et qui est encore inconnue en Allemagne et en Russie, du moins à ma connaissance.

Et elle ajouta en riant :

— Vous voyez qu’il n’y a pas que les jolies femmes qui soient fardées et maquillées,

Mais au milieu des fleurs, du haut en bas des marches de l’escalier, grouillaient une nuée de gamins, de gamines de tous âges, depuis cinq jusqu’à dix-huit ans, de vieilles femmes, d’hommes, tous revêtus du classique costume italien. Nous poussâmes un cri de surprise :

— Les premiers italiens en costume national, depuis notre séjour en Italie, car il y en a vraiment moins en Italie qu’à l’île de la Grenouillère ou au quartier Saint-Victor, là-bas, au jardin des Plantes à Paris, qui est leur quartier général…

— Ne vous emballez pas, mon cher confrère ; tous ces braves gens qui grouillent là sont bien des Italiens, mais s’ils sont en costume, c’est parce que ce sont des modèles. Voyez, nous sommes aux pieds de la Villa Médicis.

Ici c’est non seulement le marché aux fleurs peintes, mais c’est encore le marché aux modèles,