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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/323

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ce qui, en effet, était fort modeste, car il était assez difficile d’en prendre un nombre considérable dans sa journée.

Mais tout à coup la question va changer de face, comme par enchantement, simplement parce qu’un grand fourreur de Paris est venu fourrer son nez dans la dite question, en faisant assavoir à tout un chacun et aux autres par dessus le marché, qu’il paîrait huit sous, soit quarante centimes, suivant le système officiel, par peau de taupe qu’on lui livrerait, à condition qu’on ne lui livre pas de pauvres mères qui étaient en train d’allaiter leurs petits.

— À ce propos, vous n’avez jamais bu du lait de taupe ?

— Non.

— Eh bien c’est fâcheux, parce que le soir, dans le thé, c’est exquis, je ne vous dis que ça ; mais voilà ça coûte trop cher le litre…

Mais je reprends le fil de mon enquête économique.

En six semaines, le dit fourreur qui n’était pas… trap… peur, fut attrapé comme un simple pelletier qu’il était, car, au prix de quarante centimes, il reçut dix-huit cent deux mille quatre cent soixante-et-onze peaux de taupe, parmi lesquelles il y en avait même neuf entièrement blanches de taupes albinos !

Ce fut, à vrai dire, une bonne opération pour le fourreur car, le soir même, grâce à une indiscrétion d’employé, il reçut une dépêche de l’Empe-