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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/333

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lectionneurs, d’une multitude de faux Turner, de faux Corot, de faux Constable, etc. Enfin, M. Whisler a rencontré, par ci, par là, des faux de M. Whisler lui-même.

« La morale à tirer de ces assertions, c’est, avant tout, nous semble-t-il, l’éloge des artistes inconnus qui ont eu le talent d’imiter les maîtres avec une perfection à tromper les experts les plus érudits. »

Il va donc falloir procéder à la grande révision, à la suprême liquidation d’une partie de nos œuvres d’art dans les musées nationaux. Quelle catastrophe, bonnes gens ! Pour moi, je ne m’en alarme pas outre mesure, car je sais bien que les experts, les conservateurs et autres gens de la partie n’avoûront jamais que l’on ait pu les tromper ; on restera donc dans un doute commode et capable de sauvegarder tous les amours-propres et toutes les susceptibilités et puis, tenez, voulez-vous mon avis, mais là, mon avis sincère, au risque de me faire passer pour le dernier des Philistins et des paysans du Danube, de l’ancien, avant qu’il ne fût bleu ? Eh bien, je vous avoûrai franchement que si les malins sont mis dedans pour une simple réplique, c’est qu’elle est rudement bien faite, la susdite réplique et ma foi, valeur conventionnelle à part, elle me donne, jusqu’à preuve du contraire, une sensation d’art aussi pure et aussi intense que l’original que je n’ai jamais connu et ne connaîtrai jamais.

Et puis ce n’est pas tout ; n’oubliez point que,