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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/399

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ne jamais se tromper ou à peu près et aller vite. Sans cela le jeu n’en vaudrait pas la chandelle, c’est bien le cas de le dire, et l’on ne pourrait pas conserver sa charge, car il s’agit là d’une véritable charge, comme nous allons le voir.

Je ne veux pas prétendre par là qu’il faille avoir étudié à fond les traités d’embryogénie et d’embryologie comparées d’Eckel, le célèbre disciple allemand de Darwin, c’est-à-dire du français Lamarque, pour voir s’il y a un petit poulet en formation, mais j’ose affirmer qu’il faut du coup-d’œil, de la dextérité et du flair.

Je ne veux pas faire ici un traité spécial en trois points sur l’art de mirer les œufs, laissant ce travail, aussi technique que palpitant, à l’Encyclopédie Roret ; toutefois, il est intéressant d’indiquer que cette honorable corporation qui se perd dans la nuit des temps, à Paris du moins, est absolument fermée et forme, de fait, des charges, tout comme celles des notaires, avoués, huissiers, agents de change, commissaires-priseurs, etc. et qu’il est tout aussi difficile d’être mireur aux Halles que d’acquérir une charge d’officier ministériel quelconque ; ça coûte moins cher et voilà tout !

Ça ne coûte même rien du tout, ce qui prouve que c’est infiniment plus moral, puisque le pot de vin et les aiguilles y sont inconnus.

Néanmoins, les membres de la Société des mireurs d’œufs, sont bel et bien aujourd’hui quatre-vingt-quinze aux Halles de Paris, nommés par le