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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/447

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Donc mon aimable amie qui, par un hasard singulier de la destinée, s’appelle madame veuve Poilras, tenait avec son mari, dans les parages indiqués ci-dessus un asile-hôpital pour chiens et bouledogues, comme dit M. le préfet de police, qui avait une fort jolie clientèle, recrutée particulièrement chez les demi-mondaines et les vieilles demoiselles qui avaient perdu leurs dernières espérances en coiffant un bonnet bien connu sous le nom de Sainte Catherine !

Du reste le couple méritait cette confiance, car tout le monde savait bien, y compris la Société protectrice des quadrupèdes, qu’il traitait ses pensionnaires avec douceur, humanité ? pourquoi pas animalité ? — le mot est à créer — et sans fourche !

Cependant ces braves gens ne faisaient pas absolument fortune et ils mettaient tout juste les deux bouts ensemble, avec leurs cinq enfants qui avaient toujours une faim caniche, comme disait le concierge d’un de mes grands oncles en 1862, si mes renseignements sont exacts.

Mais tout a une fin, puisque nous en parlons sans jeu de mots et un vilain jour le pauvre chef de cette intéressante famille passa l’arme à droite — je dis ça, parce qu’il était gaucher et dans l’espèce cela veut dire simplement qu’il dévissa son billard à la suite d’un refroidissement.

Madame Poilras, seule avec ses cinq enfants et son chagrin fut bien malheureuse ; cependant elle montra beaucoup de courage et continua sa