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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/449

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déjeuner, elle s’écria : Eurêka en français parce que ses parents étaient de pauvres artisans qui n’avaient pas pu lui faire apprendre le grec !

Chose épatante, les enfants, stupéfaits, s’arrêtèrent de manger pendant dix-sept secondes et le dernier s’écria à tout hasard :

— Donne-le moi, maman, je le veux.

— Quoi ?

— Ce que tu as trouvé.

— Que tu es bête, ce que j’ai trouvé est là, dans ma tête…

Et la cadette, une grande fille au nez retroussé et provocateur s’écria gaiment :

— Je sais ce que c’est ; un hanneton.

— Tais-toi, impertinente, mieux que cela, l’aisance pour vous tous, mioches ingrats et la mère continua à ruminer son plan.

Il était bien simple, le plan de madame Poilras, mais il était génial aussi et étant donné le caractère frivole, léger et superficiel de sa clientèle, à partir de ce jour elle tint ses 10 000 livres de rentes, tous frais payés, en offrant et en vendant, non plus des races mais seulement des couleurs de chiens.

Elle lança immédiatement des circulaires bien senties à sa clientèle aussi nombreuse que choisie et ce fut vraiment pour elle, pendant les premiers mois, un véritable coup de fortune.

Quelques exemples feront de suite comprendre toute l’ingéniosité de sa nouvelle formule commerciale.