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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/475

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seraient désolés s’il n’y avait pas d’incendies, car alors ils n’auraient plus de raison d’être.

De même la police et la magistrature seraient absolument désolées, s’il n’y avait plus de cambrioleurs, de voleurs, d’assassins et autres malandrins.

Mais c’est leur raison d’être, mais c’est leur clientèle, à ces fonctionnaires, et vous voudriez qu’ils arrivent comme cela à s’en passer, à se suicider eux-mêmes, en les sacrifiant sur l’autel de la morale et de la sécurité publique ?

Allons, laissez-moi rire ; vous êtes vraiment par trop naïf. Ne perdez pas de vue que la police et la justice ont toujours eu et auront toujours une vive sympathie pour le gibier de potence.

Et c’est bien humain, puisque c’est leur gagne-pain. Si les cambrioleurs étaient tous arrêtés, mais ce serait la fin des fins, l’abomination de la désolation ; il n’y aurait plus moyen de justifier les augmentations de magistrats et de policiers, soit comme nombre, soit comme émoluments.

Les cambrioleurs, les voleurs, les assassins, les chourineurs, les estampeurs sont élevés à la brochette par les grippe-coquins et les magistrats et si par malheur il n’y en avait plus ? Mais alors il faudrait en inventer ou payer des figurants pour sauver la magistrature et la police !

Voilà ce qui est la vérité, et ce qu’il faut bien comprendre et ce qui est humain.

C’est si évident, que tous les jours nous en avons mille preuves qui nous crèvent les yeux.