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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/486

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puisqu’elle lui évite, en même temps que des pertes d’heures, des extrémités toujours fâcheuses, quand ce ne serait qu’aux yeux de la gendarmerie et de la loi.

Il est évident que le savant qui a découvert les rayons qui portent son nom ne se doutait guère qu’il servirait ainsi la cause de l’humanité et de la civilisation par des voies que je me permettrai de trouver singulièrement détournées !

Cependant, le fait est là, patent et épatant ; il n’y a plus à le nier. Il y a d’autant moins à le nier que la Société philanthropique de secours mutuels des pickpockets de Londres vient d’instituer pour ses membres, et dans un but dont le côté hautement humanitaire ne saurait échapper à la perspicacité de mes lecteurs, un cours destiné à enseigner l’emploi des rayons Rœntgen pendant les indispensables opérations de la cambriole.

Des esprits étroits vont crier au scandale ; moi, au contraire, je trouve cela très chic, très modern-style, et, en attendant la disparition des filous avec la disparition de l’ignorance, comme de tous les vices, je dis que si la science mise au service des voleurs leur économise quelques crimes devenus inutiles pour eux, il convient de s’en féliciter hautement.

Avant tout, il faut éviter de ratiociner et il convient de se rendre à l’évidence et surtout de toujours saluer avec joie un progrès, quelque petit et modeste soit-il.