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chien, ou je vais vous conduire chez le commissaire en appelant les gens de l’hôtel, ou vous allez me raconter votre visite, quelle est votre profession, sans un mot de mensonge, car je saurai toujours vous retrouver. J’ai besoin de me documenter, en ma qualité de romancier. À vous de choisir.

Il s’assit en tremblant et répondit simplement :

— Je vais tout vous dire. Je ne suis pas Argentin du tout, je n’ai pas de mine d’argent, mais seulement ma bonne mine, en s’efforçant de sourire jaune.

— Trêve de plaisanterie.

— Pardon. Je continue : ancien homme d’affaires qui a eu des malheurs à Paris, je suis d’origine normande et habite Paris depuis ma jeunesse. Tout à fait à la côte, vivant dans un monde interlope, je n’ai pas besoin de vous le dire ; un jour je me liai avec les grands chefs du syndicat secret des cambrioleurs du grand monde, tous des amis de ceux qui avaient si bien cambriolé l’hôtel du comte de Panis-Panis.

Ils me trouvèrent l’air distingué, débrouillard ; j’avais une femme et des enfants qui mouraient de faim. Mettez-vous à ma place.

— Jamais de la vie.

— Ils me proposèrent donc d’entrer à leur service, ils me rhabillèrent en prince exotique, me donnèrent des appointements fixes, des frais de route et un tant pour cent sur les affaires.