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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/149

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seaux, divisés à l’infini en pluie fine que le vent emporte, on se demande comment il peut rester quelque trace du Vellino après un tel accident. On le retrouve pourtant au bout d’un mille, parfaitement remis de ses blessures, et dormant à son aise dans une prairie.

À peu de distance du pied de la cascade, nous rêvions tous à cette scène terrible, quand une des jeunes filles qui nous guidaient nous proposa de traverser le jardin de Mme la comtesse… Le soleil se couchait ; l’horizon était d’un rouge ardent. Le site tout à fait sauvage, le Vellino encore ému de sa chute, les rochers qui se penchaient les uns sur les autres d’un air irrité, rappelaient les paysages sinistres de Salvator Rosa. Aussitôt que nous eûmes dépassé le grille du jardin, la décoration changea subitement. Nous étions dans un bois d’orangers, au milieu de parterres de fleurs, et nous marchions sur un sable fraîchement peigné par le râteau. Un petit lévrier de Bologne vint aboyer après nous ; le son d’un piano résonnait dans l’habitation ; et, en passant devant