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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/159

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est cultivée par des paysans, et la troisième appartient à une colonie de reptiles qu’on n’a jamais pu détruire.

Notre caravane, réduite à trois voiturins depuis que nous avions quitté la route d’Ancône, s’arrêta au petit village de Passignano. Nous sautons dans les barques, et nous allons nager en pleine eau tandis qu’on prépare le repas. Hélas ! quel souper pour des nageurs affamés ! Pas un morceau mangeable ! le pain lui-même résiste sous la dent et ne veut pas seulement se détremper dans l’eau rougie. Il fallut prendre bravement son parti et rire de ce pain imperméable ; mais quand on vit les grabats affreux que l’hôtelier nous avait préparés, il y eut un désespoir général. Je ne dormis point, malgré mon armure de gaze, à cause du bruit que faisaient mes voisins. M. V… erra comme un fantôme dans l’auberge, et ne laissa reposer les gonds et les serrures que lorsqu’il eut fait ouvrir une porte qui paraissait barricadée au dedans. Probablement cet esprit inquiet finit par trouver un gite à son