Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/173

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jesté divine qu’on ne voit nulle part au même degré. Ces sublimes compositions n’ont fourni qu’à peine à leur auteur les moyens de vivre. À quoi sert tant de génie, bon Dieu ! s’il ne peut pas seulement nourrir celui qui le possède ? André del Sarto ne savait point débattre ses intérêts et faire, comme on dit, ses affaires. Au couvent de l’Annonciade est une fresque devant laquelle Michel-Ange et Titien passaient des journées en contemplation ; elle avait été payée d’un sac de farine. À l’académie des beaux-arts sont une multitude de morceaux sublimes ; pour chaque ouvrage le peintre reçut la somme de vingt livres. — Et avec cela, des enfants, une femme coquette et inconstante ! Les fautes et la catastrophe d’André del Sarto ont fourni le sujet de quelques pages passionnées que j’avais de bonnes raisons de savoir par cœur ; aussi ai-je considéré attentivement ses deux portraits faits par lui-même. Le premier représente un charmant jeune homme de vingt ans au plus, d’un visage rond, d’une physionomie timide, frais comme un