Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 166 —

petit abbé ; le second, âgé de trente-cinq ans, paraît maigre et pâle, accablé de tristesse et d’inquiétude, le regard fixe, la bouche contractée par l’habitude de la souffrance. C’est le moment où le peintre songeait à l’argent du roi de France qu’il avait dépensé, à sa dette d’honneur, à l’abîme dans lequel sa faiblesse pour sa femme venait de le plonger. On sent qu’il ne survivra pas à sa honte. Pauvre André ! pourquoi t’es-tu marié ? Il ne fallait pas entrer en ménage avec ton idéal. Tu aurais vécu jusqu’à cent ans comme le Titien ; ou bien, puisque tu ne pouvais te passer de cette Florentine si belle, il fallait faire comme ce mauvais sujet de Raphaël, rendre l’âme dans les bras de ta maîtresse, et non pas mourir misérablement dans le déshonneur et le chagrin.

Un autre peintre florentin, Allori, plus philosophe qu’André del Sarto, a révélé ses peines de cœur d’une manière énergique. Au palais Pitti, en face de la Vierge à la chaise, est une belle Judith qui tient par les cheveux la tête d’Holopherne avec un air menaçant et déter-